mardi 12 août 2008

Egalité - Comment a-t-il posé la question de l’égalité entre les hommes ?

Anatole France, en son temps, ironisait sur la majestueuse égalité devant la loi qui permet aux riches, comme aux pauvres de dormir la nuit sous un pont ! Propos cités par des scientifiques français, dans un ouvrage de réflexion sur la démocratie 1 . Une façon de poser très concrètement les limites de l’égalité de principe. Égalité devant la Loi certes, pour le fondateur d’ATD Quart-Monde, puisqu’il fait référence dés les années soixante aux droits fondamentaux, mais précisément à cause de cette orientation de sa pensée, comme Anatole France, il n’éludait pas la question de savoir qui dort sous les ponts.

D’emblée, il refusa les clichés, la solution facile de l’entraide ou de la charité organisée et la parcellisation des réponses. Avec les familles, il posait le principe de la nécessité de l'indépendance de la famille. Il refusait que les bénévoles se sentent dans l'obligation de les assister : " Il ne faut pas enlever au voisinage l'honneur de s'occuper des enfants !". Puis, " L'entraide doit déboucher sur un avenir !" et aussi plus radical encore, " Une aide qui se perpétue est profondément injuste." .

Et puis il avait un projet plus ambitieux : " Que les populations exclues de par le monde réintègrent les projets et les buts de la société !". Il n’aura de cesse de poursuivre ce but. Avec conviction, par le détail et par l’exemple. Parfois durement. Il partagea d’abord la vie concrète des pauvres 24 h sur 24, et 365 jours par an pendant des années dans un endroit considéré comme un pourrissoir par les élus. Dans cette plongée radicale en zone de non-droit il perçut tout ce que les pauvres cachaient d’ordinaire soigneusement. Il commença à poser la question de l’égalité à propos de tout. Il arpentait le Camp avec un petit carnet et un petit crayon : il notait les faits et les questions qui lui venaient à l’esprit ou bien les questions qu'on lui posait. Il ne concevait pas son rôle sans action et son action sans réflexion. Dès qu’il eut une petite équipe autour de lui, le soir, il réfléchit avec son équipe au sens à donner aux comportements et aux solutions à apporter aux situations.

" La misère ne se soulage pas, elle se détruit." . Pour la détruire, il faut s’attaquer à elle comme à un mal, se rendre continuellement présent au milieu des misérables et vis-à-vis d’eux entamer une action systématique. La misère est universelle et globale. Pour l’anéantir, il faut l’aborder sur tous les plans : culturel, religieux, social, professionnel, en même temps. Il faut conjuguer les actions de tous : pouvoirs publics, instances religieuses, œuvres, mouvements.".
note manuscrite, 1963, Écrits et paroles, t 1, p. 152.

Extraits du livre :
Agir avec Joseph Wresinski.
L’engagement républicain du fondateur du Mouvement ATD Quart Monde.
Editions chronique sociale-2008- 320 p.
En vente aux éditions chronique sociale, aux éditions Quart Monde et en librairie. 16,90 euros

vendredi 8 août 2008

Egalité - Comment a-t-il posé la question de l'égalité entre les hommes ?

6. Comment a-t-il posé la question de l’égalité entre les hommes ?

Anatole France, en son temps, ironisait sur la majestueuse égalité devant la loi qui permet aux riches, comme aux pauvres de dormir la nuit sous un pont ! Propos cités par des scientifiques français, dans un ouvrage de réflexion sur la démocratie [1] . Une façon de poser très concrètement les limites de l’égalité de principe. Égalité devant la Loi certes, pour le fondateur d’ATD Quart-Monde, puisqu’il fait référence dés les années soixante aux droits fondamentaux, mais précisément à cause de cette orientation de sa pensée, comme Anatole France, il n’éludait pas la question de savoir qui dort sous les ponts.

D’emblée, il refusa les clichés, la solution facile de l’entraide ou de la charité organisée et la parcellisation des réponses. Avec les familles, il posait le principe de la nécessité de l'indépendance de la famille. Il refusait que les bénévoles se sentent dans l'obligation de les assister : " Il ne faut pas enlever au voisinage l'honneur de s'occuper des enfants !". Puis, " L'entraide doit déboucher sur un avenir !" et aussi plus radical encore, " Une aide qui se perpétue est profondément injuste." .

Et puis il avait un projet plus ambitieux : " Que les populations exclues de par le monde réintègrent les projets et les buts de la société !". Il n’aura de cesse de poursuivre ce but. Avec conviction, par le détail et par l’exemple. Parfois durement. Il partagea d’abord la vie concrète des pauvres 24 h sur 24, et 365 jours par an pendant des années dans un endroit considéré comme un pourrissoir par les élus. Dans cette plongée radicale en zone de non-droit il perçut tout ce que les pauvres cachaient d’ordinaire soigneusement. Il commença à poser la question de l’égalité à propos de tout. Il arpentait le Camp avec un petit carnet et un petit crayon : il notait les faits et les questions qui lui venaient à l’esprit ou bien les questions qu'on lui posait. Il ne concevait pas son rôle sans action et son action sans réflexion. Dès qu’il eut une petite équipe autour de lui, le soir, il réfléchit avec son équipe au sens à donner aux comportements et aux solutions à apporter aux situations.

" La misère ne se soulage pas, elle se détruit." . Pour la détruire, il faut s’attaquer à elle comme à un mal, se rendre continuellement présent au milieu des misérables et vis-à-vis d’eux entamer une action systématique. La misère est universelle et globale. Pour l’anéantir, il faut l’aborder sur tous les plans : culturel, religieux, social, professionnel, en même temps. Il faut conjuguer les actions de tous : pouvoirs publics, instances religieuses, œuvres, mouvements.".

note manuscrite, 1963, Écrits et paroles, t 1, p. 152.

Extraits du livre :

Agir avec Joseph Wresinski.

L’engagement républicain du fondateur du Mouvement ATD Quart Monde .

Editions chronique sociale-2008- 320 p.

En vente aux éditions chronique sociale, aux éditions Quart Monde et en librairie. 16,90 euros



[1] . Jean –Paul Fitoussi, Pierre Rosanvallon, Le nouvel âge des inégalités, Points essais, Éditions du seuil, 1996, p. 97.