samedi 3 novembre 2012

 Voici un message que m'a envoyé un liégeois ....
On peut diffuser!
Version définitive en ligne sur http://condrozbelge.com/?p=1004 
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Jeudi 1er novembre 2012






Contrôle policier de personnes buvant une bière sous un platane, marché St-Pholien (photo G.L.)


Bonjour,


Une dépêche Belga reprise par
Le Soir nous apprend qu'un SDF a été trouvé mort ce matin sur un quai de la gare des Guillemins à Liège. La température était proche de 4° centigrades au-dessus de zéro.

C'est bien !

L'hiver approche, il est temps que les SDF le sachent, qu'il fait plus froid à la gare des Guillemins que dehors, et qu'elle n'est pas un abri !
Voilà une gare propre en perspective.

Dans une ville où on ne peut plus se coucher sur un banc public en raison de la présence d'un troisième accoudoir au milieu du siège, où il est interdit de boire une bière en rue*, où le règlement de la mendicité a été récemment
durci et kafkaïsé, la guerre contre les pauvres marque un point de plus. Il ne sera pas dit que Liège est une mendi-cité !

...Pardon, vous dites?

Et la guerre contre la pauvreté?
Euh...



G.





* En vertu de l'arrêté Cara Pils pris pendant les vacances en 2007, et sauf si on est un étudiant participant à un baptême, sauf aux terrasses des cafés, sauf à la fête du 15 août, sauf sur la foire, sauf lors des braderies et des parades..., sauf... Bref, nous, on peut, eux, pas.

_____________________



http://www.lesoir.be/111033/article/actualite/regions/liege/2012-11-01/un-sdf-meurt-d%E2%80%99hypothermie-%C3%A0-li%C3%A8ge-guillemins

Un SDF meurt d’hypothermie à Liège Guillemins

Belga
L’homme de 47 ans a été découvert ce matin dans la gare de Liège. Il est mort de froid.

Liège: Un SDF meurt d’hypothermie à la gare des Guillemins LIEGE 01/11 (BELGA) = Le cadavre d’un homme a été découvert jeudi matin sur un quai de la gare des Guillemins à Liège. Un médecin-légiste envoyé sur place a constaté que l’homme, qui avait pris trop de cocaïne, est mort d’hypothermie. Il s’agit d’un SDF de 47 ans qui avait déjà été pris d’un malaise vers minuit et qui avait reçu des soins sur place.




Message envoyé par Splio Free
Ce message a été envoyé par guy@leboutte.eu à
marie-helene@dacos.org.
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lundi 9 juillet 2012


A Liège, rue Auguste Donnay,  juillet 2012

Au bas de la rue Auguste Donnay il y a une patte d’oiseau, l’entrecroisement de quatre rues. Ce lieu est celui où l’on attend le bus pour descendre en ville. Perdue dans mes pensées je m’avance. Je n’ai pas le temps de m’insérer dans le groupe des voyageurs qui attendent. Je suis encore sur la chaussée,  en train de traverser, qu’une petite dame m’interpelle  aimablement : «  J’ai l’air en colère,  Madame ?». Le ton est calme, la dame aussi.  J’ai tout juste le temps de l’envisager globalement avec sa casquette rouge, sa parka rouge, son pantalon vert, et sa carte sénior à la main. Timidement, je réponds : «  Pas trop non, enfin  je ne sais pas». Car je sens bien qu’elle  veut avoir l’air furieuse. Les autres n’écoutent pas. Ils forment un groupe compact un peu plus loin. Il y a là une maman de couleur avec  sa fillette, sa poussette et le bébé, un monsieur seul, une autre dame âgée, un couple. La petite dame continue sur le même ton très calme : «  Il n’a pas voulu me donner de l’argent voyez-vous ». Une histoire de couple sans doute. Un homme acariâtre ou violent comme j’image celui qu’elle peut avoir.  «  Ah bon ! » fut ma réponse.  Elle continue son monologue : « C’est incroyable quand même, il n’a pu aller à la banque, il n’a pas de sou, alors,  moi comment je fais ?  Vous voyez vous comment je fais ? ».  En réalité je n’en sais rien,  sauf que tant de fois j’ai entendu ces choses que ça me remue quand même. A-t-elle reconnu que je sais tout cela  pour m’interpeller de cette façon?  Question intime, sans réponse.  Bon,  on attend le bus ensemble. Elle s’approche de moi : «  Vous voyez j’ai quand même le téléphone »,  je ne réponds  rien.  Que dire,  la carte de bus gratuite  me semble de bon augure pour commencer la journée. C’est quelque chose déjà. Le téléphone, je ne vois pas encore très bien. Elle met la main dans la poche intérieure de la parka et tâte un objet. Elle poursuit : « Depuis qu’on dort à la citadelle,  c’est toujours pareil. Il n’a pas le sou ? Il ne peut m’en donner.  Il n’est pas encore passé à la banque ».  Je finis par comprendre un bout… Sans doute dort-elle  dans le parc de l’hôpital de la Citadelle.
J’ose : «  Vous dormez dans le parc ? »
Elle : «  Non, on dort à l’abri bus ».
Moi : « Depuis quand ? »
Elle : «  Depuis septembre ».  
Moi : «  Mais vous avez dû avoir froid cet hiver, il a fait très froid cet hiver».
 Pas de réponse. Elle est dans son idée.  Elle poursuit : «  Vous savez,  un tuteur comme celui-là, c’est pas bon ».   Elle me montre la rue en face pour me dire qu’il habite là, en face,  celui qui n’a pu aller à la banque et qu’elle est venue voir ce matin-là, celui contre lequel elle cherche  un chemin. Son geste  exprime une furie qu’elle a dû contenir.   Elle repart de plus belle : « Depuis septembre,  des comédies comme ça, il fait ».  Puis : « Je connais un commissaire de police qui m’a dit : «  Tu dois changer de tuteur ». Je connais un autre commissaire de police qui m’a dit pareil, heureusement que j’ai  le téléphone ». Elle sort le téléphone et cette fois-ci me le montre : «  Je vais le vendre à un photographe ». Je me demande pourquoi un photographe mais je me tais. Elle m’explique le déroulement  de sa journée : « Vous savez Madame je ne l’ai pas volé le téléphone. Je l’ai trouvé à l’abribus. Je ne peux rien en faire. Il est à moi parce qu’il n’y a pas de nom ni rien. Le photographe me l’achètera, vous voyez, heureusement»,  et le bus arrive. Elle file vite, monte avec les autres et s’éloigne de moi. Notre conversation a pris fin. Je me suis promis d’aller, avant mon départ,  la voir à l’abribus de l’hôpital de la Citadelle … Mais je ne l’ai pas fait. Il aurait fallu aller à une heure tardive et je n’ai pas eu le courage.

dimanche 20 mai 2012


« Le gamin au vélo »  Film des frères Dardenne et « L’enfant d’en haut »  Film de Ursula Meier. 

Le rapprochement entre ces deux films[1] n’est pas artificiel, il est inévitable. Il s’agit du même thème : l’abandon affectif  d’un enfant d’une dizaine d’années, un garçon, développé sous forme d’histoires  à la fois différentes et très semblables. Les localisations géographiques et historiques sont ceux des sociétés de l’Europe du XXI siècle et le contexte mis en avant est l’individualisme que ces sociétés secrètent.  Ces deux films parlent de la lutte pour la survie au bas de l’échelle sociale. Ils montrent, en  action, ces deux enfants au jour le jour, une petite tranche de vie : tout au plus sur une durée de six mois ; la force de ces deux films mais aussi leur faiblesse.
Dans « Le gamin au vélo »,  Cyril ne veut pas admettre que son père l’a abandonné. Il vit dans une structure d’accueil en Belgique et tout le film traduit en images  ses efforts pour retrouver en ville, dans la banlieue de Liège,  ce père qu’il aime. Le vélo est le lien affectif avec le père et le moyen de partir à la recherche de ce père. Ce sera aussi - un peu téléphoné - l’occasion pour Cyril de retrouver un substitut de mère, Samantha, coiffeuse. Puis Samantha a un amant et choisit l’enfant au détriment de l’amant qui ne veut pas de cet enfant …
Dans «  L’enfant d’en haut », Simon s’est parfaitement adapté à son délaissement, parents morts, et grande sœur qui s’absente souvent.  C’est un petit voleur dans le décor d’une station de ski en Suisse. Sa sœur, Louise, a comme Samantha un amant qui la fuit parce qu’elle est encombrée de cet enfant là…et Simon lui aussi a trouvé une mère de substitution dans une touriste.
Mais tout cela reste, pour nous,  souvent au niveau des intentions. On a plusieurs fois envie de quitter la salle de cinéma à cause des longueurs. Dans le premier cas,  les scènes de vélo qui sont trop longues, dans le deuxième cas les scènes de vol qui  sont trop répétitives. Comme si rien ne pouvait déboucher que la répétition inlassablement des mêmes choses. Sans doute ont-elles ce sens-là, ces scènes, pour le grand public visé par ce genre de film? Les figures de pères de substitutions existent : un malfrat dans « Le gamin au vélo » et les ouvriers de la station de ski dans «  L’enfant  d’en haut ».  Pauvres modèles. En filigrane la notion d’enfant en danger, la possibilité de la dérive. Les deux films sont trop cliniques. Il leur manque de l’oxygène, du sentiment… il manque- je dirais - non pas des « bons sentiments » toujours assez suspects, mais de l’émotion vécue. Il me semble que le monde des plus pauvres n’est pas à ce point déshumanisé, qu’il devrait y avoir une ou deux scènes affectivement plus denses en plus, car au niveau de l’âge de ces enfants, la saisie au vol d’un brin d’amitié par exemple aurait été assez réaliste! C’est  pour moi ce qui reste le plus préoccupant, ce regard de personnes bien intentionnées, car pour les frères Dardenne au moins, ils  ont déjà fait beaucoup mieux. Retenons cependant qu’il y a, c’est certain, un refus de l’idéalisation de la misère commune aux deux cinéastes-refus  tout à fait respectable et nécessaire-, et retenons aussi que la question des conditions de la survie de ces enfants en danger dans notre société reste posée, questionnement sans réponse : probablement  le  vrai but de chacun de ces films avec d’un côté la société sourde et aveugle, de l’autre ces petits paumés qui ne se mélangent aux autres qu’à l’occasion d’actes délictueux. En définitive des films qui atteignent leur but ?
Marie-Hélène Dacos-Burgues

[1] Le gamin au vélo, film belge de Jean-Pierre et Luc Dardenne, 2011, avec Thomas Doret (13 ans), Cécile de France ( Samantha), Jérémie Régnier, Egon Matéo, film présenté au festival de Cannes 2011 ; L’enfant d’en haut, film franco-suisse de Ursula Meier, 2012, avec Kacey Mottet Klein(12 ans) , Léa Seydoux ( Louise)  

mercredi 22 février 2012

Le Havre

Film « Le Havre »
De Aki Kaurismäki
Ce film, étrange et beau, se présente comme une succession de compositions de cartes postales surréalistes. Il est déroutant. On est surpris par les acteurs comme si on les regardait subrepticement, au travers d’un œilleton indiscret, en train de répéter leurs textes alors que leur diction reste encore un peu trop théâtrale.
Passé l’effet de cette première cocasserie, on finit par s’adapter…
Comme en contre - feux à l’exposition à l’émotion, la distance et le décalage semblent bien là avoir pour mission de susciter une véritable réflexion.
Nous sommes devant une histoire qui ne nous prend pas d’abord par les émotions, mais par la dérision, le désuet. Son impact est poétique et politique.
De quoi s’agit-il donc ?
Le personnage principal ( joué par André Wilms) porte le nom impossible de Marcel Marx, a une femme qui s’appelle Arletty ( jouée par Kati Outinen), une femme malade etqui ne se plaint pas, une chienne prénommée Laïka, un ami irrégulier, vietnamien ou peut-être chinois nommé Chang ( ça dépend du point de vue qu’on adopte) qui l’aide à cirer des chaussures en gare du Havre. Il a en plus un passé d’écrivain non reconnu et vit dans une zone populaire du Havre sans chichi, avec des habitudes de prolo. Voilà tout d’abord à la fois un vécu et un décor de couleur bleue et enfin une belle série de clins d’œil !
Cependant la vie tranquille de Marcel Marx va basculer.
Comme dans le film Welcome surgit une réalité dure. Celle des immigrés clandestins tous sortis d’un container arrivé par voie d’eau et dont, en principe, la destination finale était Londres … Tous arrêtés par la police, et conduits au centre de rétention administrative, sauf un gamin de 14 ou 15 ans qui s’enfuit avec agilité... Alors qu’un policier Monet ( joué par Jean-Pierre Darroussin ), énigmatique personnage d’un bout à l’autre du film, couvre sa fuite…
La rencontre de l’enfant Idrissa et de Marcel Marx se fera au bord de l’eau et dans le monde simple de Marcel Marx ! La caméra explore le décor d’une France peuplée de « petites gens » et de policiers investis d’une mission précise. Les uns au grand cœur, les autres se délectant dans le rôle de « délateurs ». Ce sont des commerçants issus du petit peuple - la boulangère qui ne veut plus faire crédit, le légumier qui fait mine de se fâcher - qui tous, tour à tour se montrent « durs en affaires » ou généreux. Autres petites gens du Havre ces piliers de bistrot aux mines patibulaires de fin fond de province, le rocker Little Bob convoqué par Marcel Marx pour trouver des subsides afin aider Idrissa à rejoindre Londres, la patronne du bistrot Claire, et même le médecin de l’hôpital ( Pierre Etaix) qui va soigner Arletty. Ils sont plus qu’émouvants, ils sont vrais. Tous sont des Français moyens semblables à leurs concitoyens qui aux heures sombres de l’occupation devaient décider dans un court instant des choses de la vie et de la mort. Un film donc sur la fraternité des hommes du peuple, réalisé par un cinéaste finlandais Aki Kaurismäki, dont il apparaît bien qu’il aime la France dans ses détails.
Film favori pour la palme d’Or à Cannes qu’il n’a pas eue, ce film a obtenu le prix Louis Delluc 2011.