Film "Liberté"
Tony Gatlif a réalisé le film Liberté suite aux demandes de la communauté tsigane. Pour le faire il a dû s’imposer vingt ans d’enquêtes et de réflexion car la situation des gitans à cette époque est peu connue. Maintenant il considère que le temps est venu, pour la France, de reconnaître l’enfermement de ces six mille à six mille cinq cents tsiganes dans des camps en France (et leur libération en 1946 seulement soit un an après l’entrée du général de Gaulle à Paris) sans compter les cinq cent mille morts de cette communauté à cause des déportations que de nombreux les pays d’Europe ont concédées aux nazis. C’est un film qui est d’abord historique et militant - l'histoire se situe en 1943-, mais c’est aussi un film très poétique.
Tony Gatlif le dit dans les interviews : « Sans que je raconte l’âme gitane il n’y avait pas de film » . En effet. Le personnage qui incarne cette liberté c’est Taloche, le comédien James Thiérrée, une sorte de grand enfant attardé que tous protégent et aiment. Il joue du violon, il danse la folie, il est près de la nature, de la vie, de la mort aussi. Il personnifie le refus de toute sa famille à tous les enfermements, à tous les abus de pouvoir. Les roulottes tirées par les chevaux dans les chemins creux, le voyage à pied, le contrôle des carnets anthropométriques situent la période historique. La vie des gens du voyage est depuis 1912 soumise aux lois de la défiance. Les faits de guerre ne sont pas perceptibles. Mais la vie a changé. Leur sensibilité le leur fait vite comprendre « Monsieur Pentecôte n’est plus le même ! ». Ceux qui avancent en groupe vers un village connu, où ils ont des repères et semble-t-il des amis pour y travailler aux vendanges ou autres travaux saisonniers ont recueilli en route un enfant de neuf ans, sans doute orphelin, qui parait vouloir échapper à l’assistance publique et s’incruster pour partager avec eux à la fois la liberté d’aller et venir et la chaleur humaine de ce groupe. P’tit Claude est immédiatement l’ami de Taloche.
Toute la dramaturgie réside dans le vécu de l’intérieur de ce groupe de Français qui ne lisent pas les journaux, n’écoutent pas la radio, s’insurgent lorsqu’on réquisitionne ses chevaux.
Au dehors un vétérinaire-Maire de sa commune ( Marc Lavoine), une institutrice - secrétaire de Mairie - résistante ( Marie-Josée Croze) qui porte le nom d’une résistante qui a sauvé des juifs ( Mademoiselle Lundi ), et Monsieur Pentecôte l’ancien ami devenu collabo. Ainsi sont posées les lignes de forces d’une société française en cette période difficile de l’occupation allemande.
Assigné à résidence à cause d’une loi d’avril 40, privé de sa liberté, le groupe est désemparé, puis enfermé dans un camp. C’est le Maire et la secrétaire de Mairie qui viendront en aide à ces femmes et ces hommes avec courage : « pour faire quelque chose !».
Sur l’évocation par le film de l’enfermement des gitans de France dans les camps suite à l’ordre des allemands de 1942 ( en vue de leur déportation et leur extermination) il faut repérer l’avis de l’historienne Marie-Christine Hubert qui dit : « Si la situation militaire ne s’était pas inversée, ces déportations auraient probablement eu lieu »
Un film nécessaire et beau.
Marie-Hélène Dacos-Burgues
Film écrit et réalisé par Tony Gatlif, France 2009,avec Marc Lavoine, Marie-Josée Croze,James Thierree
voir aussi http:// www.mondomix.com/actualité Grand entretien avec Tony Gatlief, Liberté, égalité, tsigane, Mondomix.com-Dossier
et http:// www.mondomix.com/actualité Les tsiganes à l’épreuve des camps. 11/01/2010
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