dimanche 27 avril 2008

Liberté - Comment Joseph Wresinski parle-t-il des pauvres ?

28- Comment Joseph Wresinski parle-t-il des pauvres ?

Pour lui, la misère ce n’est pas l’exotisme. Dès le départ, Joseph Wresinski signifia que la misère est destructrice : « Personne ne peut venir au camp de Noisy-le-Grand pour la misère car nul ne connaît la misère. Elle change comme change le monde. Elle est différente selon les régions, les saisons, l’histoire, la politique. Ce qui est permanent, c’est qu’elle porte un élément destructeur des personnes et qu’elle est refus d’unité ». Pour Victor Hugo, la liberté c’est le droit. Pour Joseph Wresinski, à Noisy, la liberté restait un droit à conquérir. Quel serait un droit qui ne permettrait pas de s’exprimer ? Il fut l’un des premiers à affirmer, à marteler les évidences : que le progrès auquel tous croyaient depuis le début du siècle n’avait donné ni la liberté, ni la démocratie, ni le bonheur, ni une meilleure moralité aux hommes de son temps. Menteur, dira-t-on de lui à ce moment-là, mythomane ou pire, dérangé sans aucun doute, mais lucide cependant car bien avant les partis politiques il dénonça la rentabilité : « Prenez le système dans lequel nous vivons qui est basé sur la rentabilité. Tous ceux qui ne sont pas rentables d’une façon ou d’une autre sont laissés sur de côté. »

" Le pauvre, je vous l’ai souvent dit, n’est pas racaille, n’est pas néant. Il nous apparaît comme un homme tronqué par rapport à notre manière de vivre, de faire et de penser. C’est une façon de le voir qui nous fait ignorer que le pauvre est un homme et qu’il s’est créé un idéal.".

L’amour d’autrui, session de réflexion des volontaires, février 1967,

Écrits et paroles, t 1, p. 568.

Extraits du livre :

Agir avec Joseph Wresinski.

L’engagement républicain du fondateur du Mouvement ATD Quart Monde .

Editions chronique sociale-2008- 320 p.

En vente aux éditions chronique sociale, aux éditions Quart Monde et en librairie. 16,90 euros

mardi 15 avril 2008

Egalité - Dans quel contexte a-t-il agi ?

2-Dans quel contexte a-t-il agi ?

L’hiver 1954 : celui de l’appel de l’Abbé Pierre ; et l’hiver 1956 : celui de l’établissement du fondateur d’ATD dans le bidonville de Noisy-le-Grand, furent parmi les hivers les plus froids du siècle. Les oliviers gelèrent par milliers dans le midi de la France et on vit réapparaître les loups dans l’Est de la France où ils n’étaient pas encore réintroduits. Les pauvres souffrirent beaucoup des intempéries climatiques, d’autant que la crise du logement sévissait, suite aux dégâts de la guerre, faute d’avoir été résolue ni même prise au sérieux par les pouvoirs publics.[..] Il se situait dans le courant du personnalisme d’Emmanuel Mounier qui avait tenté de faire une synthèse entre christianisme et socialisme. Et comme ce dernier il préférait aux spéculations une pensée existentielle tournée vers l’action.

" ( Nos équipes) sont en relation personnelle avec les gens, mais elles doivent arracher à la société des pouvoirs à passer aux familles. Si une équipe n'a pas les deux dimensions, elle n’a pas de raison d'être. Si elle n'était qu’une équipe qui poursuit l’obtention de certains moyens, elle serait une équipe sociale. C’est le danger qui nous guette : n’être que des équipes de service.".

Cheminer avec les familles à partir des relations personnelles jusqu’à l’appartenance à un Mouvement, mai 1964, Écrits et paroles, t 1, p. 241.





Extrait du livre :

Agir avec Joseph Wresinski.

L’engagement républicain du fondateur du Mouvement ATD Quart Monde .

Editions chronique sociale-2008- 320 p.

En vente aux éditions chronique sociale, aux éditions Quart Monde et en librairie. 16,90 euros

dimanche 6 avril 2008

Fraternité - Qu'est-ce que la fraternité pour Joseph Wresinski?

39- Qu’est-ce que la fraternité pour Joseph Wresinski ?

Sur son lit d’hôpital, quelques jours avant son décès, Joseph Wresinski, réfléchissant encore à ce qu’il avait si patiemment construit en 30 ans, notait : « Ce qui éclaire et oriente l’ATD n’est pas un corps de doctrine, une théologie ou une philosophie, mais un chemin de vie »[…] Il fut donc attentif à tout, toujours et partout. Depuis sa toute petite enfance, il fut en quête d’autrui.

" Créer une démocratie qui tire les leçons de ses erreurs parce qu’elle redonne toute sa valeur politique à la fraternité, c’est une histoire qui regarde et peut unir tous les hommes.".

Extrême pauvreté et fraternité, Conférence à Lille, 26 mai 1977.

Extraits de

Agir avec Joseph Wresinski.

L’engagement républicain du fondateur du Mouvement ATD Quart Monde .

Editions chronique sociale-2008- 320 p.

En vente aux éditions chronique sociale, aux éditions Quart Monde et en librairie. 16,90 euros

vendredi 4 avril 2008

Liberté - Quelle liberté de vivre en marge ?


27- Quelle liberté de vivre en marge ?

A Noisy -le -Grand, dans ce qu’on appelait alors « Château de France », s’étaient construits en peu de temps des baraques, des abris sommaires qui abritèrent assez vite - de 1954 à1956- une population nombreuse […] Qui pouvait glorifier la liberté que représentait ces lieux, cette vie ? Pour Joseph Wresinski le pauvre ne se révolte pas. Il subit. Il n’est perçu qu’au travers de ses besoins immédiats ou de ses manques, et reçoit seul ou quasiment seul, dans une solitude effroyable, toute la violence du rejet permanent, du rejet moral surtout. « Le pauvre n’est pas racaille » fut une des premières flèches de Joseph Wresinski, plus agressif qu’à l’ordinaire. Enfin toujours pugnace, il annonça son point de vue partisan : « Les pauvres ne colportent pas une idée de la liberté, ils meurent pour elle.» Magistrale façon de renvoyer la vérité de la vie des petits colporteurs et des misérables à ceux qui colportaient de fausses idées sur la pauvreté.

" Les hommes ont acquis des espaces d’égalité, de communion les uns avec les autres, de partage. Or le Quart-Monde, c’est de ça qu’il est exclu, de ces espaces où il peut se retrouver lui-même, où il peut rencontrer qui il veut. C’est ça que le Quart-Monde n’a pas ; c’est de ça qu’il est privé. Même dans un bistrot, il n’a pas sa place avec les autres gens ; il n’est pas traité de la même manière : parce qu’il " se saoule la gueule ", parce qu’il crie trop fort, il n’est pas bon payeur. Ce n’est pas un lieu de liberté pour lui, il y est suspect, il n’a même pas cette aire de liberté, là même dans les cités qui devraient être ses aires de liberté, il en est privé.".

Rencontre avec les membres des clubs Science et Service décembre 1966,

Écrits et paroles, t 1, p. 535.

Extrait de

Agir avec Joseph Wresinski.

L’engagement républicain du fondateur du Mouvement ATD Quart Monde .

Editions chronique sociale-2008- 320 p.

En vente aux éditions chronique sociale, aux éditions Quart Monde et en librairie. 16,90 euros