Film " No et moi"
Film de Zabou Breitman
C’est l’histoire d’une amitié entre Lou, un lycéenne de 13 ans, en avance scolaire de deux ans, et une SDF de 18 ans : No.
L’idée de présenter le sujet comme une nécessité scolaire ( Lou veut faire un exposé sur No) est une bonne idée. Mais on a beaucoup de mal à croire à cette amitié.
Le décalage des âges, le décalage de milieu social, la parfaite tenue de l’enfant qu’est Lou et les activités choquantes de l’adulte qu’est malgré tout No, font un contraste difficile à oublier.
Tout au long du film on se demande sur quoi est basée cette amitié ? Puisqu’elle dure au delà de la nécessité des contacts pour l’exposé.
Pourquoi Lou recherche-t-elle No avec cette application ? Et que cherche-t-elle dans cette amitié ?
Le contexte familial de la vie de Lou : Les problèmes de sa mère en dépression grave, l’attention du père aux problèmes sociaux, à la scolarité de sa fille, ( il cherche sur internet des renseignements), la relative solitude de Lou dans son école ne suffisent pas à nous faire pénétrer dans le cœur de Lou.
On pénètre encore bien moins dans le cœur de No.
No semble d’abord agacée de cette amitié que lui offre sans cesse Lou. C’est là qu’est sans doute la partie la plus véridique de l‘histoire. No ne se soucie pas de Lou. No est provocante. No veut être libre.
On aurait aimé, dans un sujet aussi délicat, que le personnage de No soit aussi sympathique que celui de Lou ou celui du jeune garçon copain d’école de Lou qui, lui, est merveilleux dans son rôle de bourgeois. Malheureusement No est un peu caricaturée parce que tout simplement elle est vue de l’extérieur alors que les autres personnages sont vus avec beaucoup plus d’empathie, comme de l’intérieur … Or c’est justement ça exclure … c’est voir ceux qui sont différents comme des caricatures.
L’amitié se développe cependant tout au long du film sans nous éclairer davantage sur le fond de cette amitié. Pour ne rien arranger, malheureusement, l’accent est mis sur les activités « djeunes », le plaisir de s’éclater, l’alcool, la musique …
On est obligé de constater alors que la réalisatrice - qui probablement s’en défendrait - partage très profondément le point de vue du milieu bourgeois sur le milieu de la rue. Ceux qui galèrent dans la rue ne sont pas appréhendés à partir de leurs propres questions, de leurs propres souffrances, mais à travers le regard des autres, à travers le regard des passants. La séquence de la visite à la mère de No est à cet égard significative…Cette mère est toute extérieure à la vie de No, on ne la voit que derrière une fenêtre. Ce qui nous est présenté comme la cause de la déchéance de No, m’apparaît à moi comme un travers de la perception bourgeoise des choses de la vie. Aucune séquence ne permet de connaître No, ni de connaître les problèmes du lien de No avec sa mère. Pas étonnant dés lors que la réalisatrice ne montre que les déviances de No. Il n’y a pas d’égalité de traitement des personnages. C’est ce qui gêne le plus. Lou est délicate, policée, sociable. No ne l’est pas. La fille SDF est malheureusement vue soit comme la mauvaise conscience des nantis soit comme une personne impossible à aider vu ses travers. Ce film est donc plutôt une interrogation sur l’adolescence sans soucis, un point de vue de Moi ( jeune favorisée ) sur No, qu’un film sur l’égalité et l’amitié entre personnes de milieux sociaux différents. Mais il peut être conseillé de voir ce film qui pose des questions et qui est vu par les adolescents.
Film de Zabou Breitman, avec Nina Rodriguez ( Lou) et Julie-Marie Parmentier (No) . Adaptation du livre du roman de Delphine Le Vigan
Marie-Hélène Dacos-Burgues
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