Liberté - Quelle liberté de vivre en marge ?
27- Quelle liberté de vivre en marge ?
A Noisy -le -Grand, dans ce qu’on appelait alors « Château de France », s’étaient construits en peu de temps des baraques, des abris sommaires qui abritèrent assez vite - de 1954 à1956- une population nombreuse […] Qui pouvait glorifier la liberté que représentait ces lieux, cette vie ? Pour Joseph Wresinski le pauvre ne se révolte pas. Il subit. Il n’est perçu qu’au travers de ses besoins immédiats ou de ses manques, et reçoit seul ou quasiment seul, dans une solitude effroyable, toute la violence du rejet permanent, du rejet moral surtout. « Le pauvre n’est pas racaille » fut une des premières flèches de Joseph Wresinski, plus agressif qu’à l’ordinaire. Enfin toujours pugnace, il annonça son point de vue partisan : « Les pauvres ne colportent pas une idée de la liberté, ils meurent pour elle.» Magistrale façon de renvoyer la vérité de la vie des petits colporteurs et des misérables à ceux qui colportaient de fausses idées sur la pauvreté.
" Les hommes ont acquis des espaces d’égalité, de communion les uns avec les autres, de partage. Or le Quart-Monde, c’est de ça qu’il est exclu, de ces espaces où il peut se retrouver lui-même, où il peut rencontrer qui il veut. C’est ça que le Quart-Monde n’a pas ; c’est de ça qu’il est privé. Même dans un bistrot, il n’a pas sa place avec les autres gens ; il n’est pas traité de la même manière : parce qu’il " se saoule la gueule ", parce qu’il crie trop fort, il n’est pas bon payeur. Ce n’est pas un lieu de liberté pour lui, il y est suspect, il n’a même pas cette aire de liberté, là même dans les cités qui devraient être ses aires de liberté, il en est privé.".
Rencontre avec les membres des clubs Science et Service décembre 1966,
Écrits et paroles, t 1, p. 535.
Extrait de
Agir avec Joseph Wresinski.
L’engagement républicain du fondateur du Mouvement ATD Quart Monde .
Editions chronique sociale-2008- 320 p.
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