samedi 20 septembre 2008

Liberté - Quels sens a-t-il donné aux mots : "respect", "dignité", "mérite"?

Respect et dignité. Dans les années soixante, cela allait de soi et donnait très couramment des situations où l’essentiel était le rôle joué par celui qui aidait le pauvre sans questionnement sur le résultat de cette aide. Or il semble évident que la surprise créée en son temps par Joseph Wresinski fut précisément une façon différente de vivre et le respect et la dignité dans la relation avec les pauvres. C’était d’une certaine façon le monde renversé ! Lorsqu’il parle de reconnaissance, et surtout parce que nous avons maints exemples concrets du sens qu’il attribuait à ce mot, Joseph Wresinski va plus loin que le simple respect abstrait, indifférencié, à la catégorie spécifique du pauvre. La reconnaissance du pauvre comme homme, en tant qu’homme, l’engageait à considérer celui-ci sur un pied d’égalité et non à partir de sa dépendance. Car c’est l’homme dans le pauvre qui attirait son intérêt et non le pauvre instrumentalisé pour cause de pauvreté, dans la poursuite d’une fin autre que la destruction de la misère. Et pour preuve, au moment où les distributions des secours de base faisaient le quotidien de l’aide et étaient valorisante pour tout le monde, Joseph Wresinski s’est ému, s’est mis en colère, essayant d’éloigner les femmes de la soupe populaire et des distributions de vêtements. Si Joseph Wresinski ne fut pas aussi virulent que Patrick Declerck, dans ses écrits, il le fut avec la population du bidonville qui en fut très secouée. Il avait, il y a cinquante ans, aussi bien compris les processus en oeuvre que Patrick Declerck aujourd’hui. (ou que l’association les Enfants de Don Quichotte) .[..]

Besoin de reconnaissance plutôt que reconnaissance de tel ou tel besoin matériel. Et dignité reconnue aux pauvres par les non-pauvres plutôt que dignité attendue, exigée du pauvre pour qu’il puisse bénéficier d’un bol de soupe ou d’un coin de couverture sale. On entend bien là l’originalité de Joseph Wresinski.


" Ce qui est grave, c’est que les familles dépendent totalement de ce jugement conditionné par l’appréciation personnelle des bienfaiteurs, des services sociaux, des dames d’œuvres.".

L’âme du bidonville, Soirée d’information, 1963,

Écrits et paroles, t 1, p. 167.

" Nous dévalorisons le milieu dans lequel vivent les familles, en faisant croire que notre objectif est de les faire sortir le plus tôt possible d’un milieu qui serait malsain et sans valeur.".

L’appartenance au groupe, une communauté de destin, 1963,

Écrits et paroles, t 1, p. 225.


" Si le respect nous oblige à répondre à de vrais besoins, cela suppose que nous les connaissions. L’attitude de respect est une attitude d’objectivité par rapport à nous-mêmes. Nous essayerons de prendre du recul par rapport à nos réactions primaires, afin de voir les pauvres comme ils sont et non comme ils paraissent être.".

La valeur du partage, Réunion de volontaires, Été 1966, Écrits et paroles, t 1, p. 438.



" Ce que demandent les Sous-Prolétaires, c’est l’indépendance, plus que l’égalité. Ils demandent la dignité, or, la dignité n’est pas dans l’égalité, mais dans l’indépendance, dans la liberté par rapport à l’autre. D’ailleurs, cette indépendance, cette liberté fondamentale, les sous-prolétaires la réclament, la vivent.".

Nous sommes des travailleurs, novembre 1982, Dossiers de Pierrelaye.



Extraits du livre :

Agir avec Joseph Wresinski.

L’engagement républicain du fondateur du Mouvement ATD Quart Monde .

Editions chronique sociale-2008- 320 p.

En vente aux éditions chronique sociale, aux éditions Quart Monde et en librairie. 16,90 euros

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