jeudi 15 juillet 2010

Film : Marga

L’histoire de Marga est basée sur le récit de Marga Spiegel publié en 1965 et intitulé « Sauveurs dans la nuit ». Son livre raconte comment des fermiers de Westphalie l’ont caché elle, sa fille et son mari.

Marga est un film qui nous instruit d’abord sur l’Allemagne. Contrairement aux idées reçues il y eut des personnes pour s’opposer à la politique du Reich, au sein même de la partie probablement la plus conservatrice de la société allemande d’après la guerre de 14. Ces hommes et ces femmes ont agi seuls, sans encadrement. Leur détermination est d’autant remarquable. C’est de l’intérieur d’eux-mêmes qu’ils ont tiré leur ligne de conduite. Ils ont été reconnus comme étant des justes. Ils sont 455 en tout.

En 1943, en Allemagne, la chasse au juif fait rage. Les personnes sont envoyées dans des camps d’exterminations. Leurs biens confisquées. Leurs maisons sont rasées. En Westphalie il ne restera plus aucun juif. A Ahlem les actes de quelques fermiers furent remarquables. Ils sont relatés dans ce film.
Le film commence par la nuit, les chevaux, des hommes qui chuchotent, la peur, la décision à prendre rapidement sans avoir le temps de peser le pour et le contre. Heinrich Aschoff, patriote allemand, membre du Parti Nazi, père d’un soldat de la Wehrmacht va prendre le risque de cacher la famille d’un de ses compagnons de guerre (celle de 14/18), le juif Siegmund (Menne dans le film), riche marchand de chevaux. Une décision grave qui met sa vie en danger ainsi que celle des membres de toute sa maisonnée. Hubert Pentropp, autre voisin, autre compagnon de guerre recueillira lui le marchand de chevaux qu’il faut cacher. Ce dernier restera sans aucun contact jusqu’à la fin de la guerre et jusqu’à en perdre la raison.
Le film ensuite déroule les événements. Le départ du militaire, la jeune fille engagée dans la jeunesse Nazi, endoctrinée et qui risque à tout moment de dénoncer son père, les travaux des champs dans lesquels Marga, qui heureusement est blonde, doit savoir se faire oublier, les petites jalousies, la difficulté pour l’enfant Karin de quatre ans à garder le secret sur son identité et sur son passé, les privations des uns et des autres. Pas de grandiloquence. Les hommes ont fait ce qu’ils croyaient juste, les femmes ont assumé ces décisions comme d’habitude. Nous comprenons donc très bien, par les détails, que toute la population allemande n’a pas soutenu la politique Nazi du Fürher. C’est important d’un point de vue historique.
Ce film a une autre vertu. Il fait voir comment on peut se dégager des discours politiques ambiants, même si ceux-ci sont très convaincants. Les juifs secourus étaient en effet des juifs riches. La majorité des familles allemandes traditionnelles adhéraient à la politique nationale, pleuraient les morts des deux guerre… ceux de 14/18 et ceux de 39/45. Les fermiers du village de Ahlem avaient toutes les raisons de fermer les yeux et cependant ils les ont ouverts sans attendre la moindre récompense, juste pour être en accord avec eux-mêmes. C’est sans doute ce qui impressionne le plus.
Ce film nous alerte enfin sur la situation présente de certaines populations en France. Nous ne devons pas fermer les yeux, ni ignorer ce qui se passe, ni craindre de nous opposer.
Film de Ludi Boeken. Allemagne.2009 ; avec Veronica Ferres, Armin Rohde, Margarita Broich, Martin Horn, Lia Hoensbroech. Scinario ded’Otto Jägersberg,Moszkowicz, Heidrun Schleef d’après le livre de Marga Spiegel « Sauveurs dans la nuit »
Marie-Hélène Dacos-Burgues

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