Fraternité - Une fraternité avec les plus pauvres, dans quel but?
41-Une fraternité avec les plus pauvres, dans quel but?
[..] Joseph Wresinski a choisi de vivre sa fraternité avec ces pauvres-là, ces pauvres inimitables, pour détruire la misère et pas autre chose. Au vu des exemples cités nous pouvons sans crainte évacuer d’emblée la communion à la misère, la contemplation, la sanctification de la pauvreté comme un véritable contresens si jamais elle venait à être présentée comme la pensée de Joseph Wresinski. Sauver les pauvres alors ? Pas plus. Son propos se tient dans un autre registre. Ils ne savent pas se servir de la pilule ? Et alors ? M. Chaumont s’embrouille quand on lui demande l’état civil de ses enfants ? Mais qu’est-ce que cela signifie au juste ? M. Estève ne veut pas aller travailler sans un pantalon neuf? Que dire, que faire? Une femme aimante casse une bouteille sur la tête de son mari qui boit trop, et dépense tout son argent au bistrot? Comment comprendre? Joseph Wresinski ne chercha pas une solution miracle pour chaque difficulté. Joseph Wresinski voulut en finir avec le scandale de la misère, il choisit de traiter la question de la misère dans sa globalité. Non pas sauver les pauvres d’abord. Décrire la réalité, lister l’absence de droits, s’interroger sur le fonctionnement de notre démocratie. Un but toujours évident pour Joseph Wresinski.
" Jamais nous ne réintégrerons l’exclu tant que nous n’accepterons pas sa parole comme une contestation pour nous et pour notre monde : non seulement pour nos politiques et structures, mais pour nos manières d’être et notre civilisation. Il est le seul à pouvoir nous dire ce qui est la justice, lui qui ne connaît que l’injustice, il est le seul à pouvoir nous dire ce qu’est la dignité, lui qui ne connaît que la honte. Il est le seul à pouvoir nous dire ce qu’est la fraternité, lui qui ne connaît que l’exclusion. Mais accepter cela , c’est déjà s’engager dans une nouvelle étape de civilisation. Et sans doute, s’engager dans cette étape est-ce entrer dans la démesure. Puisque si nous voulons que l’humanité mette fin à l’exclusion, nous devons nous investir là où les problèmes sont vécus dans leur totalité et accepter d’en payer le prix. Un prix qui pourrait paraître d’autant plus démesuré que la mise en route d’une population trop longtemps exclue est avant tout une affaire d’hommes et de femmes personnellement engagés et qui fassent partager leurs convictions, leur foi dans l’homme aussi bien par les exclus que par la société qui les rejette. Seule cette conviction, cette foi nous permettra de libérer les plus pauvres et la société d’une exclusion qui est un non-sens dans l’histoire humaine.".
Nous ne dirons pas qu’exploitation équivaut à exclusion, Intervention faite à une table ronde animée par Joseph Wresinski et le professeur Alfred Grosser, organisée à l’ Église Saint Merri à l’occasion de l’exposition Quart-Monde au Centre pastoral Halles -Beaubourg, Paris, le 31 janvier 1981.
Extraits du livre :
Agir avec Joseph Wresinski.
L’engagement républicain du fondateur du Mouvement ATD Quart Monde .
Editions chronique sociale-2008- 320 p.
En vente aux éditions chronique sociale, aux éditions Quart Monde et en librairie. 16,90 euros
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