mardi 18 octobre 2011

Quelle école pour quelle société?

Le 17 octobre 2011 à Aix en Provence
Bonsoir à tous,
Créée en 1987, la "Journée mondiale du refus de la misère" cherche à être l’amplificateur du combat quotidien contre la grande pauvreté.

Mais quel combat ?

-- Le Mouvement ATD Quart Monde est un Mouvement citoyen, rassemblant des personnes de différentes convictions et de différents milieux. C’est un mouvement non politique au sens partisan du mot, mais politique malgré tout par le questionnement qu’il fait de notre société. Ce questionnement, le Mouvement le fait à partir de la parole des personnes les plus éloignées de la culture savante.
A la suite de son fondateur le Père Joseph Wresinski, ATD Quart Monde ( Agir Tous pour la Dignité) a toujours exprimé sa volonté que tous, y compris les plus pauvres, participent à l’élaboration d’un projet de société plus égalitaire et plus juste, riche de tout son monde. Il agit dans ce sens depuis 50 ans avec des lignes de force : les droits de l’homme, les savoirs et les connaissances, la participation des plus pauvres.

Les enfants pauvres

--- Les enfants pauvres de notre pays sont dans une situation inédite malgré la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans. La perte des petits métiers qu’on apprenait avec papa ou maman rend très problématique le devenir professionnel de ces enfants de même d’ailleurs que leur développement personnel. Les enfants dont les parents ont de très faibles revenus et un faible capital culturel sont obligés de tout attendre de l’école alors que dans le même temps l’école est devenu un lieu si peu accueillant pour eux qu’ils redoutent bien souvent de s’y rendre…
… Parce que les camarades vont se moquer d’eux… Parce qu’ils ne sont pas en phase avec la société de consommation… Parce qu’ils ressentent des conflits de loyauté entre leur famille et l’école… Parce qu’ils doivent y oublier leurs savoirs de vie pour entrer dans des savoirs abstraits ayant peu de sens pour eux puisque ceux-ci ne sont pas concrètement présents au sein de leur vie.

1-La misère et l’échec scolaire sont intimement liés


■ On doit le constater : Même si la grande majorité des acteurs de l’école fait très correctement son travail, globalement, non seulement le système scolaire n’est plus un facteur de réduction des inégalités mais il accentue les disparités sociales.

----  La moitié des disparités sociales de réussite sont constituées à l’entrée à l’école élémentaire, et, ensuite, à chaque année scolaire, les écarts de réussite entre les enfants de milieu favorisé et les enfants de milieux défavorisés s’accentuent un peu plus.
▲ Dés l’entrée au CP la catégorie socioprofessionnelle des parents est le facteur qui discrimine le plus les scores des enfants, davantage que le trimestre de naissance ou le fait d’être en ZEP.
▲15% des élèves en CM2 présentent de très lourdes difficultés en lecture et en calcul.
▲ Un quart des enfants sont en retard en sixième. Les enfants pauvres le sont nettement plus que les autres : Pour eux c’est 45 % .
▲La proportion d’élèves en grande difficulté à la fin de la troisième s’est accrue de 30 % au cours des dix dernières années.
▲A la journée défense et citoyenneté (JDC), 20% des jeunes testés sont de mauvais lecteurs.

----  On l’entend souvent dire : chaque année 150 000 jeunes quittent le système éducatif sans qualification et 80 000 jeunes sortent de l’école obligatoire sans maîtriser les apprentissages fondamentaux : lire, écrire, compter. Ces chiffres ne sont pas en recul. Ils augmentent même. Ces 150 000 jeunes n’ont ni BAC PRO, ni BEP, ni CAP, malgré des progrès au niveau de la diversification des parcours en lycée, et 40 % de ces jeunes sont au chômage 3 ans après.
▲ L’échec scolaire peut toucher toutes les classes sociales mais l’échec scolaire touche beaucoup plus les enfants dont les parents ont un faible niveau de vie. Lorsqu’on se penche sur l’origine sociale de ces jeunes qui ont arrêté leurs études sans diplôme on se rend compte qu’ils étaient, en 2004, au nombre de 20% parmi les enfants pauvres et de l’ordre de 1% parmi les familles les plus favorisées.
▲ Les variables explicatives sont nombreuses et la mesure de leur influence respective est complexe. La proximité des parents au système scolaire (niveau de diplôme, profession …) et leur disponibilité ( structure familiale, horaires de travail …) apparaissent comme des facteurs clefs. Le revenu des parents est également fortement discriminant.
à suivre ...
Marie-Hélène Dacos Burgues ( la suite demain )

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